La télémédecine suscite un fort intérêt de la part des professionnels de santé de Bourgogne-Franche-Comté, grâce aux nombreux avantages apportés dans la pratique quotidienne. Portrait d’une région ambitieuse avec Adeline Patte, chargée du déploiement régional de la télémédecine à l’ARS et du Dr. Vaillant, médecin généraliste à la maison de santé de Seurre, en Côte-d’Or.
Quelle est la spécificité de la région Bourgogne-Franche-Comté au sujet de la télémédecine ?
Adeline Patte - Outre le fait que nous soyons pionniers dans ce domaine avec le télé-AVC, notre spécificité réside dans le fort investissement de l’ARS. A la fois sur le plan financier (3,2 millions d’euros depuis 2018), mais également avec l’accompagnement que nous apportons aux professionnels de santé de la naissance du projet jusqu’à sa mise en œuvre. En effet nous fournissons le matériel, nous les formons, nous leur assurons une assistance, nous leur donnons un accès à la plateforme régionale unique de télémédecine qui permet la télémédecine via smartphone et nous leur reversons un forfait d’activité jusqu’à la mise en place de la prise en charge de l’Assurance maladie.
Dr Vaillant, d’où est venu le besoin de proposer ce service à votre patientèle ?
Dr Vaillant – C’est une réponse à nos nombreux patients qui ont des difficultés pour se déplacer, sans aide familiale, etc., qui ne se rendaient pas aux consultations de spécialistes prescrites. C’est aussi une réponse à un ancien « système D » où on demandait un « service » à des confrères par téléphone en ayant peur de les déranger. Maintenant que le cadre est formalisé, c’est un formidable gain de temps pour le patient puisque la télémédecine diminue les délais de rendez-vous auprès des spécialistes.
La mise en place de ce type de projet a été facile ?
Dr Vaillant – Oui, grâce à l’ARS et nos confrères spécialistes. La motivation à utiliser ce service par toutes les parties prenantes est la clé de la réussite sur ce type de projet. En amont, nous avions déjà tous le souhait d’améliorer nos échanges. Il ne restait plus qu’à trouver la solution technique à mettre en œuvre.
Cela représente combien d’actes ?
Dr Vaillant –Si je prends la télé-dermatologie ou la télé-endocrinologie, nous réalisons environ 1 consultation tous les 15 jours. Pour la télé-dermatologie c’est le double. En fait, c’est en constante augmentation par le bouche-à-oreille.
Adeline Patte -Rapporté à la région, cela représente 9000 actes en 2018 soit +50% en un an sur les 200 structures équipées qui maillent toute la région : MSP, cabinets libéraux, centres hospitaliers, EHPAD….
Quelles sont les principales spécialités concernées par la télémédecine ?
Adeline Patte – Principalement la télé-dermatologie et la télé-cardiologie en maisons de santé, la télé-AVC et la télé-expertise en neurologie, neuroradiologie et neurochirurgie en milieu hospitalier. Nous déployons également des téléconsultations en addictologie, gériatrie, psychiatrie, épilepsie, et de la télé expertise en bucco-dentaire, endocrinologie. Nous projetons également le développement de la rhumatologie et de la gynécologie.
Quels sont les avantages apportés par la télémédecine aux professionnels de santé, notamment dans les territoires ruraux ?
Dr Vaillant – En premier lieu c’est la rapidité de traitement. Ainsi on adapte sans délai le traitement de nos patients. C’est aussi pour moi un outil d’auto-formation : plus on en fait, plus on sait poser facilement un diagnostic. C’est encore la possibilité de travailler très simplement et de manière sécurisé avec les spécialistes que nous connaissons : un vrai atout pour nous et nos patients qui en cas de besoin peuvent se rendre chez ceux facilement. Au final, je me suis rendu compte qu’intégrer la télémédecine fait émerger une dynamique de groupe entre les professionnels de la maison de santé, les spécialistes, l’hôpital, mais aussi avec les professionnels de santé à proximité qui peuvent bénéficier de ce service sans investir dans leur propre infrastructure.